Historique de SARREINSMING

SMG 111 SMG 121 smg-127-3 SMG 14 SMG 150 SMG 152 SMG 153 SMG 154 SMG 155 smg-156-3 SMG 158 SMG 16 SMG 160 SMG 161 SMG 162 SMG 163 SMG 53 SMG 96

L'EVACUATION DE SARREINSMING septembre 1939 / septembre 1940
par SCHILLE Pierre

La loi de la guerre a fait un sort à notre charmant village qui a été surpris en pleine activité par la mobilisation et l'évacuation.

I Mobilisation et ordre d'évacuation
Les premiers jours de septembre 1939, l'armée hitlérienne envahit la Pologne. La 2ème guerre mondiale se déclenche.
Le jeune maire de Sarreinsming avait tout juste 33 ans donc soumis aux obligations militaires. Il obtiendra un ordre de mission et un sursis de 21 jours des autorités afin d'accomplir l'évacuation de sa commune de ses administrés. L'évacuation de la commune de Sarreinsming était prévue administrativement depuis de longue date, vu qu'un pli secret était entreposé à la Mairie (sous scellé) et dont la levée devait se pratiquer seulement sur ordre de l'administration de tutelle.
La levée de ce fameux pli secret eut lieu deux jours avant la mobilisation générale (24 août 1939). Notre destination s'y trouvait très bien indiquée ; il s'agissait de la Charente et pour commune d'accueil : Guimps qui comptait en son temps 450 habitants. Elle dépendait de l'arrondissement de Cognac, du canton de Barbezieux et de la préfecture d'Angoulême. L'ordre d'évacuation a été donné le vendredi 1 septembre 1939, à 14 heures. Monsieur le Curé a fait demander au maire de tenir encore un office avant le départ fixé pour 17 heures.Tout le village était en mouvement. Ceux qui se trouvaient dans les champs étaient rappelés par le tocsin puis le glas sonna.


II Itinéraire de l'évacuation

Départ : le vendredi 1er septembre 1939 à 17 heures, avec vaches attelées et voitures pour Sarre Union par Zetting, Wittring. Arrivée à Sarre- Union le samedi 02 septembre 1939, à 2 heures du matin ; coucher dans la corderie. Départ à 11 heures le 02 septembre vers Wolfskirchen et Diedendorf ; coucher dans la salle de danse. Dimanche nouveau départ.
03 septembre 1939 à 8 heures, par Niederstinzel, Fénétrange, Berthelming Arrivée à St Jean de Bassel à 12 heures ; les soeurs du couvent  servirent de la soupe, du café ,du lait, des tartines. Départ le 04 septembre à 6heures 30 jusqu'à Bisping, arrivée à 16 heures. Départ lundi matin le 05 septembre à 6 heures via Assenoncourt, arrondissement de Sarrebourg ; une heure d'arrêt pour manger et donner à manger aux bêtes ; abandon des bêtes.
Départ en autobus pour Bourdonnay ; y sommes restés le lundi, mardi, mercredi.
Départ jeudi le 08 septembre à 10 heures du soir pour Emberménil en Meurthe et Moselle par Marticourt, Lagarde, Xousse.
Départ le vendredi matin 09 septembre à 8 heures en train à bestiaux, paille sur le plancher, pour la Charente, par : Lunéville, Pont St Vincent ,Vitry le François, Epernay, Vendôme, Tours, Poitiers, Angoulême (10.09) Barbezieux (11.09) Guimps, arrivée à 13h le 11.09.

Durant le voyage, le train s'était arrêté quelquefois ; les infirmiers de la croix rouge nous ont servi à boire et à manger ; l'arrivée eut lieu le dimanche 11 septembre à Barbezieux ; à 13 heures arrivée à Guimps : reconnaissance des lieux et installation des familles.

Guimps

Sympathique commune se trouvant à 8km de la gare de Barbezieux avec une agence postale CPPR ce qui veut dire colis postal adressé poste restante et à retirer aux bureaux de poste, ce qui était très important pour l'envoi et le retrait de colis. Dans d'autres communes d'accueil il fallait souvent faire des distances importantes pour envoyer ou recevoir des colis.
Ainsi à Ladiville où environ 1/7ème de la population s'était installée on ne trouvait pas les mêmes facilités. Ce charmant village de 182 ha dépendait également de Cognac, Barbezieux, Angoulême.
Le séjour à Guimps a cependant été au début un déracinement total : séparation du mari appelé sous les drapeaux, difficulté de la langue surtout pour les personnes âgées dont certaines ne comprennent pas le français et inversement les habitants de nos communes accueillantes comprennent difficilement leur parler. A cela s'ajoute une différence de vie, de confort intérieur qui leur semblait en retard sur leur façon de vivre en lorraine (en lorraine la cuisine ne se préparait plus dans les cheminées entre autres, etc...). L'adoption en Charente s'est cependant très vite et bien fait par la suite. Ce contact a pris une bonne forme ; une appréciation mutuelle s'est peu à peu établie et les contacts sont devenus dans nombre de familles sympathiques voire  amicaux à tel point que certains durent encore de nos jours. Il est aussi à noter que certaines personnes se sont mariées dans la région et y sont restées.


III Le Retour, un an après, septembre 1940
.
Départ le 19 septembre 1940 de Barbezieux par wagon voyageurs, par :Tours, Poitiers, Troyes, St Dizier ; contrôle allemand Bar le Duc, Toul, Metz.  Le 22 septembre au matin à 5 heures, départ de Metz en autobus pour Sarreguemines ; arrivée à Sarreinsming à 16 heures le 22 septembre.

NB : le présent texte a été rédigé d'après des notes laissées par Monsieur SCHILLE Pierre, avant son décès.

Au moment de l'évacuation, le Maire, SCHILLE Pierre à l'époque, avait apposé devant le restaurant Dibo (l'actuelle Mairie) un grand panneau d'affichage où était inscrite la demande suivante :

Soldat Français,
Cher Camarade,
je te prie de bien vouloir respecter les ménages de mes administrés dont les chefs sont comme toi au service de la patrie.
Pense au sort des familles évacuées.
Je me permets de te rappeler une parole d'un grand français, Poincaré : Faites aimer la France.
-le Maire, Schillé-

BORNES HISTORIQUES

A 20 m de la pointe Sud de la parcelle 36 de la forêt communale de Sarreinsming (communes de Neufgrange; Sarreinsming et Zetting), se trouve dans les champs une borne quadribanale, borne en grès des Vosges, haute d'environ 1,20 m, portant sculptés d'un côté la date de 1763, de l'autre un Z inversé et barré surmontant les lettres NS (Nassau-Sarrebruck). La fleur de lys a été enlevée au marteau sur une autre face. Cette grande borne est flanquée d'une petite borne de 40 cm de haut, en mauvais état et portant gravé le millésime 1739 et les noms des trois communes correspondantes (celui de Sarreinsming surmonté d'une croix de Lorraine, ceux de Siltzheim et Zetting suivis d'un Z inversé et barré.

Le bornage de 1768 a sans doute pour origine le traité de Bouquenom. L'origine de celui de 1739 n'a pu être déterminée. Ces deux bornes, en tout cas, sont le point de jonction des trois territoires communaux de Neufgrange, Sarreinsming et Zetting avec celui de Siltzheim. La dite borne de 1739 a été rejointée au ciment en 1937.

Sur le territoire des communes de Sarreinsming et Zetting en forêt communale de Sarreinsming (parcelles 32, 21, 36) se trouvent 7 bornes en grès des Vosges, hautes de 1,20 m  délimitant le périmètre forestier le long des champs du territoire communal de Zetting à l'Est. La plupart sont en mauvais état et une seule conserve encore la sculpture du Z inversé et barré de Nassau, face à Zetting, les autres signes ayant été martelés après la Révolution de 1789.

Ces bornes sont de même origine (traité de Bouquenom) et constituent la limitation entre les territoires communaux de Sarreinsming (autrefois lorrain) et Zetting (appartenant aux Nassau jusqu'en 1795). Un certain nombre d'autres bornes (dont une ayant conservé la fleur de lys) établissent hors forêt la liaison entre ce bornage forestier et le suivant.

En forêts communales de Sarreinsming (parcelles 2, 31) et Zetting (parcelle Q.R.) sur les communes de Sarreinsming et Zetting se trouvent 6 bornes de même constitution et dimension, mais avec bonne conservation des sculptures à la fleur de lys, au Z inversé et barré, et au millésime de 1768.

Ces bornes forment la limite commune des deux forêts communales sur 700 m de long.

Sur les territoires de.Sarreinsming et Zetting (forêt communale, parcelle 2) en lisière de la parcelle, le long des champs du territoire communal de Zetting, se trouve une borne analogue et pareillement sculptée, de même origine que les bornes ci-dessus. Entre cette borne et la plus occidentale des 4 suivantes, 2 autres bornes semblables mais démarquées, se trouvent dans les champs.

Toujours à Sarreinsming, Zetting, en forêt communale de Sarreinsming (parcelle 3), en lisière Sud de la parcelle, sur un développement périmétral de 400m le long des champs du territoire communal de Zetting, se trouvent 4 bornes comme la précédente. L'origine en est la même. Entre la plus orientale de ces bornes et la plus septentrionale des 11 bornes forestières suivantes, 3 autres semblables, mais démarquées, se trouvent dans les champs.


Aperçu sur la période du 4e au 12e siècle

Au début de notre ère, le ban de Sarreinsming était occupé par des peuples gallo-romains, occupation qui a été révélée par des fouilles effectuées par des archéologues en deux endroits différents. Comme suite aux immigrations de peuples dits « barbares » en provenance de l'espace germanique, cette occupation cessa au cours du 4e siècle
après J.C.

Du 4ème siècle au 12e siècle on se trouve devant un vide historique de Sarreinsming. Après l'époque gallo-romaine l'occupation de la région par des humains était marquée par une ténuité manifeste. Le repeuplement s'était réalisé très lentement, subordonné aux mouvements migratoires d'ethnies franques, originaires de diverses régions germaniques. Ces mouvements d'ethnies émigrantes suivaient de préférence les cours d'eau en raison d'une part que les vallées offraient une plus grande facilité de déplacement que les autres terrains, souvent recouverts d'une forêt difficilement pénétrable ou pas du tout pour certaines d'entre elles, et d'autre part, de la présence de l'eau, élément indispensable et nécessaire à la vie.

Dès que ces migrants avaient repéré un endroit qui leur paraissait convenable pour une sédentarisation et pour un futur développement, ils s'y arrêtèrent et y ont édifié des maisons, des fermes. Ce sont les origines lointaines de nos actuels villages et villes. Dans ce contexte, il convient aussi de mentionner les moines du couvent des bénédictins de Hornbach qui se sont investis intensément dans les vallées de la Blies et de la Sarre pour défricher des forêts, construire des fermes, des villages et des églises.

Occupation de la seigneurie
Sarreinsming est cité pour la première fois dans une lettre du pape Eugène III du 27 mai 1159, dans laquelle ce lieu est confirmé en tant que propriété de l'abbaye de Wadgassen.

L'abbaye des Bénédictins nobles de Herbitzheim possédait jusqu'en 1137 des terres à Sarreinsming. A cette date, l'abbesse céda ses biens à l'abbaye de Wadgassen contre une rente de 7 schillings. L'abbaye de Wörschweiler possédait également des biens à Sarreinsming. Le 11 avril 1179, Sarreinsming est de nouveau cité par le pape Alexandre III, comme propriété du couvent de Wadgassen.
A la suite des traités de 1297 et 1302, le village fut incorporé au duché de Lorraine. Il avait fait partie des possessions de la maison de Sarrebruck ; celle-ci avait dû conserver quelques terres ou rentes dans le village ; au milieu du XIVe siècle, le comte de Sarrebruck donnait ses biens en fief au Sire de Repper, un de ses fidèles et châtelain de Sarreguemines pour le duc de Lorraine (1348) ; en 1361, Jean Repper et sa femme demeuraient encore à Sarreinsming. En 1459, le comte de Nassau-Sarrebruck donna en fief les biens de Sarreinsming (avouerie)
à Philippe de Sierck, prévôt de la cathédrale de Trêves, en 1494 à son parent, Hannemann, comte de Linange Réchicourt. Au milieu du XVIe siècle, l'écuyer Jost Montzheimer de Rouhling en était le détenteur ; en 1552, à la mort de sa veuve Marguerite, le fief revenait à son propriétaire foncier.
D'autres terres de Sarreinsming, ayant appartenu primitivement à la maison comtale de Sarrebruck, étaient devenues la propriété de familles parentes. En 1249, Henri de Deux-Ponts possédait des biens à Sarreinsrning. La maison de la Petite-Pierre eut des droits et des biens dans le village ; Hugues III, comte de la Petite-Pierre, avait épousé Elisabeth, fille de Simon II de Sarrebruck (1273). Les ducs de Lorraine, Ferry III et Thiébault II acquirent la souveraineté de presque tous les biens précités à Sarreinsming. Ils les donnèrent en fief aux mêmes comtes de la Petite-Pierre. En 1366, Folmar, comte de la Petite-Pierre, rendit hommage au duc Jean Ier pour la maison forte et les biens de Sarreinsming. D'autres reprises furent faites en 1412 par Bouchard, en 1437, 1446 par Jacques et Guillaume, comtes de la Petite-Pierre et seigneurs de Geroldseck. Mais en 1452, Jean II de Lorraine retira le fief de Sarreinsming aux sires de la Petite-Pierre Jacques et Guillaume. Rodolphe, comte de Linange, dont la mère fut « dame » de la Petite-Pierre, réclama le fief en vertu d'un acte de famille de 1414 ; il obtint gain de cause. En 1508, Emeric de Dhaun, seigneur de Oberstein et de Falkenstein, époux d'Elisabeth, comtesse de Linange-Réchicourt, en fit la reprise à Antoine le Bon. En 1618, Louis, comte de Linange-Réchicourt, seigneur de Forbach, baron perpétuel du Saint-Empire, en fait hommage à Henri II, duc de Lorraine.

Les comtes de la Petite-Pierre, ceux de Linange avaient eux-mêmes donné en fief la terre de Sarreinsming. Au milieu du XIVe siècle les Repper de Sarrebruck en devaient être les détenteurs ; en 1348, le comte Folmar de la Petite-Pierre investit Eberhard Repper de quelques-uns de ses droits et biens de Sarreinsming. En 1386, les biens furent partagés entre Goetz d'Ingenheim et Sigelrnan de Wyndeburg, en 1466-1468 entre Jean de Gutenkopf et Henri Studigel de Bitche. Ce dernier fief fut lui-même partagé ; une partie se transmis dans la famille portant le nom de la maison de Bitche dite Gentersberg ; le château de ces sires se trouvait au sud-ouest de Hanwiller-les-Bitche. Frédéric de Bitche était co-seigneur de Sarreinsming en 1479, Anstett et Jean de Bitche en 1584.
Une autre partie échue par mariage à la fin du XVe siècle à la famille des Sigel de Loffenau ; Wolf Sigfel de Bettembourg (Luxembourg) était seigneur de Sarreinsming vers 1580 ; il laissa ses biens à son neveu, Jean de Heinsberg dit Kirschbaum. La part de Jean de Gutenkopf semble avoir été tenue en fief en 1525 par Henri de Raville, puis avoir échu par héritage aux sires de Bettendorf-Weidesheim. Quoi qu'il en fut, en 1613 Wolf Philippe de Heinsberg et Jean Guillaume de Bettendorf étaient les co-seigneurs de Sarreinsming. Jean Bernard de Lellich, seigneur de Pépinville et d'Inglange, tuteur des enfants de Heinsberg, Jean Wolf et Charles, acquit par acte passé le 02 août 1633 au château de Sarreinsming, la part de la famille des Bettendorf ; trois années après il la céda lui-même à ses pupilles (en 1636).
Nonobstant les changements de propriétaires des lieux, les comtes de Linange conservèrent leurs droits directs sur Sarreinsming, qu'ils ont réunis avec ceux de Forbach. En 1709, cette situation était encore en place.
Le 21 octobre 1720 par devant BAUDE Pierre, notaire admis au Conseil souverain de sa Majesté résident à Bruxelles sont comparus le colonel HENRI CASIMIR PAWEL DE RAMINGEN et dame MARIE CATHERINE PAWEL née de GROOT sa campagne et ont vendu la 1ère moitié de la seigneurie de Sarreinsming à Messire VUALRADE RHINGRAUE seigneur de Puttelange fondé de pouvoir du noble FRANCOIS DIDIER de MAURICE et de Dame MADELEINE URBAIN son épouse, le Sieur de Maurice étant lieutenant général au Grand Bailliage d'Allemagne (duché de Lorraine), avec dépendances, droits, extensions et juridiction attachés dans Ober et Niedergailbach. Le 21 octobre 1723, par devant le notaire STONBESCRIPT résident à MAESTRICH et en présence de témoins, le sieur GERARD HERVE VANAKEN conseillé juré de cette ville et Dame ANNE HENRIETTE PAUL DE RAMINGEN son épouse, ont déclaré avoir vendu à Messire FRANCOIS DIDIER de MAURICE Chevalier et seigneur de SIRSBERG, et autres lieux, conseiller d'Etat de son Altesse Royale en Lorraine, Lieutenant Général du Bailliage d'Allemagne et à dame MARIE MADELEINE URBAIN son épouse la 2ème moitié de la terre et seigneurie de Sarreinsming situées dans le Bailliage d'Allemagne (duché de Lorraine) avec dépendances, droits particuliers, extensions et juridiction qui leur appartient dans Ober et Niedergailbach ainsi que dans d'autres lieux.
En 1766, un héritier de François Didier MAURICE, du nom de PLUNKETT devient seigneur de Sarreinsming.
Les Vergennes
En 1782, les héritiers de la famille MAURICE vendent le fief de Sarreinsming au comte Charles Gravier de Vergennes, ministre sous Louis XVI ; par cet acte, ce comte devint seigneur du village.
Après le décès survenu en 1787 de Charles Gravier de Vergennes, son fils Louis Charles Joseph de Vergennes succéda à son père en qualité de seigneur de Sarreinsming. Il sera le dernier seigneur de la localité.
Commentaires subsidiaires sur la lignée Vergennes :
Charles Gravier de Vergennes achète en 1782 ses terres situées en Lorraine allemande comprenant la baronnie de Frauenberg, celle de Welferding, ainsi que la seigneurie de Sarreinsming.
Le comte de Vergennes avait deux fils :
- Constantin (1761 -- 1832)
- Louis Charles Joseph (1765 -- 1821)

Par son testament en date du 01.9.1784, il légua à son fils Constantin, fils aîné, ses terres situées en Bourgogne. A Louis Charles Joseph, second fils, il légua ses terres localisées en Lorraine allemande, qu'il avait acquises en 1782.
A son décès survenu en 1787, ses fils devinrent propriétaires de plein droit de ses terres. La seigneurie de Sarreinsming fit alors partie des domaines appartenant à Louis Charles Joseph de Vergennes.
Lorsqu'en 1789 éclata la grande révolution française, Louis Charles de Vergennes quitta le territoire en tant qu'émigré. Ses terres et autres biens, notamment à Sarreinsming, furent confisqués et vendus au titre de biens nationaux.

A son retour d'exil en 1803 (sous le Consulat), il est redevenu propriétaire de ses terres, non vendues sous biens nationaux, notamment à Welferding.
Les terres qu'il ne pouvait plus récupérer, dont celles de Sarreinsming, ont donné lieu à une indemnisation.


Chronologie d'événements divers : période du 12ème au 18ème siècle


La chronologie qui suit relate des événements qui se sont produits dans la seigneurie de Sarreinsming ou des faits à caractère plus général mais qui y ont eu une incidence, et qui couvre la période allant du 12e au 18e siècle.
1348 -- On relève les corvées dues aux seigneurs par les habitants de Sarreinsming : faire la fenaison dans le lieu dit «le Bruehl », charroyer le foin au château du village, ensemencer les champs seigneuriaux dit Fronacker . D'autres obligations leur incombent : celles d'entretenir les haies des jardins, des prés des champs seigneuriaux, de transporter le bois et les pierres nécessaires à la réparation du château, de faire eux-mêmes ces réparations, de nettoyer les fossés, de réparer aussi le moulin banal, de briser la glace sur la Sarre pour que le moulin puisse marcher même en hiver et ne subisse aucun dommage.
De plus, le maire de Sarreinsming devait en 1348, au nom de la communauté, un porc au seigneur et 16 litres de lin au prévôt REPPERT de Sarrebruck.

1359 -- Le comte Walraum de Deux-Ponts reçoit du gentilhomme Dietrich Scholmes de Fénétrange, tenancier du fief du village et du ban de« Ensmingen» soixante livres de Metz ; de ce montant, Scholmes peut déduire 6 livres qui lui reviennent pour le village et le ban de «Ensmingen ». L'échéance est fixée annuellement au jour de « Sankt Remigius ». Après le paiement de cette redevance, Dietrich Scholmes autorise le comte Walraum et ses héritiers à entrer au village et au ban de « Ensmingen ».
1426 -- 1446 -- 1448 -- 1481 -- 1517 -- 1548 -- De sérieuses gelées printanières, funestes à la récolte, sont survenues en ces années.
1437 -- A fin décembre de cette année, Jacques, comte de la Petite-Pierre et de Geroldseck, rendit hommage au duc de Lorraine pour les droits de passage de Sarreguemines, ainsi que pour la rente de 5 muids de sel constituée sur la saline de Dieuze, pour le moulin de Sarrebourg, la moitié de Sareck, le château et le village de Sarreinsming et jurait fidélité à Herrmann conrad, évêque de Metz, tuteur du jeune duc de Lorraine.
1471 -- Le duc de Lorraine Nicolas accorde un fief à Rudolff Grauen von Leyningen (Linange), comte de «Ruxingen à Sareck » et à « Sareynsmingen » et « Damelinire » (Damelière).
1474 -- René II, duc de Lorraine, transmet un fief de « Sareck, Sareynsmingen, Damelière » et ailleurs à HAMANN, comte de Leiningen (Linange) et comte de Rixingen.
1478 -- La famille Studigel de Bitche possède la moitié du château de Sarreinsming.
1507 -- 1510 -- Les registres de passage de Sarreguemines mentionnent le passage de marchands de Sarreinsming.

1515 à 1610 -- Les documents d'archives révèlent le nombre d'habitants de Sarreinsming exprimé en conduits (un conduit = un foyer). A savoir :
1515 : 28          1592 : 18
1567 : 28          1600 : 26
1585 : 31          1610 : 28

1513 -- Déclaration d'allégeance de Homann von Hohenfels, Gentilhomme de Reipoltskirchen, et de Wollf von Hohenfels, gentilhomme de Reipoltskirchen, tenancier de fief à Kerbewiller (Gerbeviller), Damelière, Sareynsmingen et Sareck, au duc de Lorraine Antoine.

Fin 16e début 17e siècle - Routes

Au temps des romains, un réseau routier assez dense couvre notre région. Quelques unes de ces routes disparaissent au moment des invasions barbares, mais la plupart subsistent; au moyen âge on s'en sert et on ne crée que très peu de nouvelles. Sarreguemines est situé à un croisement de nombreuses routes commerciales, dont une orientée vers Sarre-Union, Saverne, Strasbourg, par Sarreinsming (rive droite de la Sarre).
Dans le cadre de cette circulation routière un pont en bois existait à Sarreinsming. Ce pont est dit être implanté au droit de l'actuelle rue de la Montagne et reliait la rive gauche de la rivière au point nommé «Brückwiese».
Le duc de Lorraine percevait des péages en divers endroits du duché, dont Sarreinsming.

1525 - La guerre des Rustauds  (Paysans)

a) La situation générale
Au début du XVIème siècle, en Allemagne, les paysans représentent les 4/5 de la population. Insatisfaits de leurs conditions de vie misérables, ils ont aussi des revendications politiques. Les fluctuations brutales du prix des céréales et du vin, les taxes de plus en plus lourdes et des tracasseries des seigneurs sont à l'origine du mécontentement des paysans. Depuis le moyen âge tardif, les seigneurs terriens tendent de procéder au remembrement agricole afin de former de grandes entités territoriales. Pour cela ils se basent sur le droit romain et fixent des limites à l'autogestion des paysans. Ceux-ci se défendent alors plus âprement en arguant de leurs anciens droits. Plusieurs soulèvements se produisirent à la fin du XIVe siècle, mais pour des motifs différents, suivant les lieux. A l'aube du XVIè siècle les troubles prennent de l'ampleur dans tout l'empire (allemand), en Alsace, et aussi, dans une moindre mesure, dans la Lorraine limitrophe.

b) La liberté de l'évangile ? Rôle de Luther
En 1520, le moine Augustin Luther s'oppose à l'Eglise catholique sur divers principes et de ce fait engage la Réforme. Avec cette référence, le mouvement des paysans prend un caractère religieux. C'est l'appel à la liberté du chrétien qui ouvre désormais la voie aux exigences sociales, politiques et religieuses. Au début de l'année 1525 éclatent de grandes révoltes de paysans, qui gagnent l'Allemagne du sud, une partie de l'Allemagne centrale, des régions alpines et l'Alsace. Une littérature prophétique et la pensée protestataire confèrent au mouvement des paysans un caractère religieux. En mars 1525 paraissent les douze articles de la paysannerie de Souabe, programme modéré de revendications sociales et évangéliques. Au nom de Dieu, les signataires demandent notamment le droit de chasse, de pêche et d'affouage, ainsi que la cessation du servage et de la dîme et le droit de choisir ses pasteurs. Mais les seigneurs rejettent toute négociation. Dès lors le conflit s'étend et se radicalise. Les paysans révoltés brûlent des églises, des couvents, des châteaux, s'en prennent aux prêtres, aux moines, aux nobles. En Allemagne les grands soulèvements ont eu lieu à Muhlhausen et en Souabe.

c) L'écrasement de la révolte
Après les premiers succès paysans, les princes, appuyés par des armées bien organisées et forts du soutien de Luther, matent la révolte. Quelques 100 000 paysans sont exterminés. Les grands affrontements ont lieu à: Allsted le 15.05.1525 -- Unigshoffen le 2.06.1525 -- Weinsberg le 16.04.1525 -- Böblingen le 12.05.1525 -- Leipheim le 4.04.1525 -- Saverne le 17.05.1525.

d) Situation sur le plan local
Le soulèvement -- En 1525 (le 17 avril) se produit un soulèvement général. Du nord au sud de l'Alsace, et d'une partie de la proche Lorraine, environ 30 à 40000 hommes se mobilisent et s'organisent en bandes. Ils décident de se donner un chef en la personne d'Erasme Gerber. Ils disposent d'un programme (les douze articles rédigés par les révoltés de Souabe), qui comportent des revendications politiques, religieuses et sociales. Les insurgés s'attaquent avant tout aux monastères pour assurer leur ravitaillement. Dans la plupart des villes, les habitants de conditions moyennes leur accordent leur sympathie. Certaines villes doivent ouvrir leurs portes (Saverne -- Ribeauvillé -- Bergheim- Riquewihr -- Soultz -- Thann).
Le programme des paysans -- Les articles de Neubourg - Ces articles sont un peu en retrait des 12 articles.
Premièrement: nous n'admettons pour curé (pasteur) que celui qui prêche le Saint Evangile avec clarté et dans sa pureté.
Secondement: ne plus donner que la dîme des céréales ; nous ne devons pas d'avantage, en nous référant à l'Ecriture.
Troisièmement: aucun seigneur, qu'il soit ecclésiastique ou laïc, ne doit posséder des gens qu'il puisse forcer, presser, contraindre à plaisir, à moins qu'ils ne l'aient mérité selon la sentence du juge. Et nous voulons être libres, mais pourvus d'une autorité chrétienne, à laquelle nous obéirons en toute chose honnête conformément à l'Evangile : à notre gracieux seigneur l'empereur, et à tous les princes et seigneurs, disposés soutenir l'Evangile.
Quatrièmement : Nous voulons posséder librement les animaux de la terre, les oiseaux de l'air, les poissons de la mer et toute vie, comme Dieu l'a permis ; de même nous voulons disposer gratuitement du bois dans les forêts, selon nos besoins, pour que le pauvre homme puisse construire et chauffer sa maison, autant que nécessaire, avec l'accord des personnes instituées dans le territoire.

e) Une répression terrible
Un grand rassemblement de paysans a eu lieu à Herbitzheim, en vue de se rendre à Saverne. Ce rassemblement de bandes de paysans révoltés comprit rapidement des vilains de toute la Lorraine allemande : il en vint des seigneuries lorraines de Bitche, de Forbach, de Puttelange, d'Hombourg-Haut, de Dieuze, de Sarreguemines, du comté de Salm, du comté de Morhange, du comté de Linange, des comtés de Deux-Ponts et de Sarrebruck. Encouragé par une partie des seigneurs alsaciens et de la peur que la révolte puisse s'étendre dans son duché, le duc Antoine de Lorraine pénètre en Alsace avec une forte armée et encercle Saverne où sont regroupés environ 20 000 « Rustauds »
Le 16 mai 1525, des paysans dont certains sont d'anciens militaires, sont battus à Luptstein près de Saverne et le lendemain, ceux qui se sont installés à Saverne sortent de la ville et se font presque tous massacrer.
Dans la poursuite de sa lutte contre les paysans révoltés, l'armée du duc de Lorraine livre une seconde bataille à Scherwiller le 20.05.1525 qui fait plus de 5000 nouvelles victimes. La résistance est brisée et les seigneurs châtient durement les meneurs, notamment dans les territoires de Hte Alsace. La capitale Ensisheim est surnommée la boucherie de l'Alsace.
C'est l'échec de la révolte de paysans. La guerre et la répression ont entraîné un prix très lourd. Néanmoins, les paysans ont réussi à conserver leurs droits, leurs coutumes.

f) Incidence de la révolte des paysans à Sarreinsming
Un certain nombre d'habitants se sont laissés entraîner dans ce conflit et ont pris part à différents rassemblements. Ainsi on a relevé les participations suivantes :
- Herbitzheim 7 personnes
- Diemeringen 6 «
- Saverne 9 «
Les révoltés du village ont eu à déplorer des victimes ; cinq participants ne sont pas rentrés.
Des sanctions ont été prononcées à l'encontre des participants qui sont revenus. Un certain Wolf, qui était à Saverne en tant que porte-enseigne, a été puni d'une amende de 26 florins d'or et d'un emprisonnement de six semaines. Tous les autres ont été sanctionnés par une amende de 9 florins et de 6 « cherrées » de vin, et durent en plus promettre de ne plus porter de bâton, sauf un couteau pour couper le pain.
1527 -- 1530 -- 1547 -- 1575 -- 1587 -- 1623 - Ces années sont mentionnées comme années de famine. Au moyen âge les famines sont fréquentes. Elles avaient pour cause soit les intempéries, soit les dévastations de la soldatesque, les incendies ou l'abandon des terres qui restaient en friche.
1528 -- Nickolaus Gentersberger se reconnaît copropriétaire pour un seizième du fief de Sareynsmingen.
1537 -- Hans von Bitche, nommé Gentersberger reconnaît que Philippe von Bitche, nommé Gentersberger, possède un huitième du château de Sarreinsming.
1547 -- En cette année, un sujet de Sarreinsming nommé Hans le Musnier, occupe la fonction de meunier au moulin de Steinbach. Ce moulin est mentionné dès 1335.
1553 -- Jorig Studigel de Bitche devient propriétaire, par voie de succession, du fief de « Sareynsmingen «, pour le château et ses dépendances. Cet héritage lui a été transmis par son père. Par ce même acte, il fait serment de fidélité aux comtes de Linange, Ruxingen et Furpach (Forbach).
1566 -- La région de Sarreguemines contribua financièrement à la défense de la Hongrie contre l'invasion des Turcs. Les ducs de Lorraine devaient en principe hommage aux empereurs pour leurs Etats. En raison de ces fiefs, les ducs payaient une contribution en argent, appelée Turckenphenning. En 1566, le seigneur de Sarreinsming a payé la somme de fis. 70,-au titre de cette contribution.
1564 à 1613 -- L'administration des fiefs, à la tête desquels était placé un seigneur, nécessitait une certaine organisation, alignée sur l'importance des fiefs. Pour assumer l'administration de ses terres et le village, le seigneur nomme ses officiers, maires et échevins. Au sein de la châtellenie de Sarreguemines, le fief de Sarreinsming était un fief très important. Ci-après les noms de quelques officiers de Sarreinsming.

1564-- Daniel - capitaine qui prend part au plaid annal de Welferding
1567 -- Thomann - maire
1584-- Feitt Hafner -- maire assisté de 2 échevins
1585 - Maurice Hans, maire -- Conrad et Schmitt échevins 1586-- Wagner Huppert -- maire
1592 -- Feitt Havener -- maire -- Hans Endres sergent
1590-1613 -- Antoine Grun -- capitaine

1584 -- On relève une réunion annuelle (Jahrgeding) entre d'une part les seigneurs du village : Wolff von Bettenbourg et les frères Anst et Hans von Bitche, dits Gentersberger, et d'autre part, les représentants des habitants de la commune. Les débats ont porté sur les questions suivantes : limites du ban de « Einsmingen », la chasse, la police et la justice locale, les corvées, l'utilisation du moulin.

1584 -- Record de justice - La moyenne justice est celle qui donne au seigneur le pouvoir d'infliger au coupable des châtiments corporels, privation de nourriture, obligation de corvée, emprisonnement, ou de lui imposer des amendes pécuniaires n'excédant pas 60 sols. Le seigneur détenant la moyenne justice a le droit de nommer des maires et des gens de justice pour connaître les actions personnelles (blessures ), des actions d'injure et des délits dont se rendent coupables les sujets et qui sont de nature peu grave. Le justicier a le pouvoir d'arrêter les délinquants, de les faire emprisonner mais après une journée il doit les remettre entre les mains du haut justicier.
A la moyenne justice est intimement liée la basse justice. C'est celle qui attribue au seigneur la connaissance des méfaits dont les amendes n'excèdent pas 10 sols. C'est avant tout une justice foncière.
Le seigneur bas-justicier peut créer des garde-champêtres, ayant le pouvoir de se saisir du bétail broutant dans les enclos défendus ou échappés aux gardes. Sur les rapports des gardes- champêtres, les échevins créés par le seigneur foncier infligent des amendes aux propriétaires du bétail. Ces amendes sont de 5 sols par prise de bête échappée en Lorraine.
A qui reviennent les amendes pécuniaires prononcées en moyenne et basse justice ? Dans les villages, le maire et les échevins prennent 1 gros 2 deniers d'une amende de 8 gros 4 deniers. Les revenus d'une amende infligée en appel par le châtelain, se partagent entre celui-ci et le duc.
Les séances de justice ont lieu, d'habitude, sur une grande place du village. Les justiciers commencent par contrôler l'administration des échevins. Ils jugent les cas graves que les échevins n'ont pu éclairer ; ils jugent aussi en appel.

Les affaires qui sont soumises aux justiciers sont variées. Les plaids annaux donnent de nombreux renseignements sur les droits et les devoirs des sujets et de leur seigneur, sur leurs propriétés et leurs bans. Parfois, les habitants demandent à leur seigneur de leur définir par écrit leurs droits et leurs obligations (un record de justice ). Ainsi, en 1584 un record de justice a été publié à Sarreinsming.
1592 -- Exploitation de carrières -- tuilerie -- poterie --
Dans la région de Sarreguemines il y avait de nombreuses carrières d'où l'on extrayait des pierres à bâtir ; c'était le cas à Sarreinsrning.
Le duc de lorraine possédait à Steinbach une tuilerie et un four à chaux qu'il afferma en 1474 pour une valeur de 7 douzaines de tuiles creuses. Martzloff de Rémelfing en fut le tuilier de 1511 à 1518. En 1525, la tuilerie , tombée en ruines, fut restaurée aux frais du duc de Lorraine néanmoins, le tuilier Hans Brach, fort endetté, s'enfuit du pays. De 1542 à 1550 un tuilier de Kaiserslautern occupa la tuilerie. Elle fut exploitée en 1592 par Caspar Ziegler, de Diedendorf. Celui-ci commença à la faire reconstruire à ses frais par des artisans de Sarreinsming et divers autres lieux alentour. Le châtelain lui fournit des vilains corvéables et l'exempta de toutes impositions pendant une année. Les conditions du bail étaient les suivantes : redevance en argent de 33 fr., livraison de tuiles au châtelain et de briques pour 1 fr. la centaine, de petits carreaux pour 6 gros et du malder de chaux pour 4 gros et 5 gros 4 deniers. Le tuilier était obligé d'entretenir la tuilerie et le four à chaux. Si ces bâtiments brûlent par accident, le duc contribuera à leur reconstruction. En fin de bail, il doit rendre aux officiers ducaux la tuilerie en bon état de fonctionnement. Quelques successeurs de Caspar Ziegler : de 1610 à 1613: Caspar Ziegler de Rémelfing -- de 1613 à 1619: Jean Tuilier de Rémelfing.

(source : Patrimoine & Loisirs, MM Jean Barthel, Auguste Barthel, Alexandre Nebel)